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Francis Heaulme, le routard du crime


Francis Heaulme, né le 25 février 1959 à Metz, est un tueur en série français, surnommé le « routard du crime », arrêté par l'adjudant de gendarmerie Jean-François Abgrall en 1992 et reconnu coupable de onze assassinats acquitté d'un douzième dans au moins neuf affaires criminelles françaises.

Biographie

Jeunesse

Francis Heaulme naît le 25 février 1959 à Metz.

Il a grandi à Briey, en Meurthe-et-Moselle, dans l'une des quatre cités radieuses construites par Le Corbusier. Il est le fils de Nicole Houillon (1940-1984) et de Marcel Heaulme (1934-2019).

Le père, électricien, méprisé par sa belle-famille qui le surnomme « le boche » en raison de son fort accent alsacien, est un homme brutal, sévère et alcoolique qui martyrise Francis, frappe sa femme et dépense son argent dans les courses de chevaux.

Heaulme adore sa mère Nicole, qu'il considère comme « une sainte », et s'entend très bien avec sa sœur Christine, de six ans sa cadette. L'un et l'autre sont souvent livrés à eux-mêmes dans le logement familial. Francis est surnommé « Félix le chat », car il lui est arrivé plusieurs fois de se nourrir de pâtée pour chat en boîte de conserve, si bien que de nombreuses personnes l'appellent « Félix », croyant que c'est son prénom.

Heaulme est atteint du syndrome de Klinefelter : sa pilosité est moindre et ses organes reproducteurs de petite taille. D'un quotient intellectuel inférieur à la moyenne, il subissait en raison de son apparence les moqueries et les coups de son père, qui l'enfermait à la cave.

De même à l'école, il subit les moqueries de ses camarades de classe et s'isole. Il devient alcoolique et déséquilibré durant son adolescence, ce qui le pousse à parfois enterrer des animaux vivants ou à se taillader régulièrement le corps avec des tessons de bouteille. Il est exempté de service militaire pour cause de troubles psychiatriques.

En 1979, à l'âge de 20 ans, Heaulme se découvre une passion pour la bicyclette et s'y adonne en tenue de cycliste. Il n'a pas passé le permis de conduire et n'a jamais conduit de voiture.

À partir de 1981, Heaulme travaille comme manœuvre, où son travail est décrit comme étant exemplaire.

Sa mère décède d'un cancer le 16 octobre 1984. Il en est dévasté et tente de se suicider à plusieurs reprises. La mort de sa mère ayant eu lieu le même jour que celle du petit Grégory Villemin, il collectionnera les coupures de presse relatives à cette affaire.

Affaires

Les affaires dans lesquelles il est soupçonné, mis en examen ou condamné sont nombreuses :

- Meurtre de Lyonnelle Gineste (17 ans) dans la forêt de Puvenelle à Montauville, le 5 novembre 1984, soit trois semaines après la mort de sa mère. Il est aidé d'un complice, Joseph Molins, qui s'est révélé au fil de l'histoire être un témoin ;

- Meurtre dans un gymnase à Périgueux, le 8 mai 1986, de Laurent Bureau (19 ans), appelé du contingent. Des complices accompagnent Heaulme, dont Didier Gentil, déjà condamné, au moment du procès, à la réclusion à perpétuité pour le viol et le meurtre de la petite Céline Jourdan, à la Motte-du-Caire, en juillet 1988. La cour d'assises de Périgueux ne pouvant déterminer lequel des deux a tué le jeune homme, ils sont acquittés le 5 avril 1997 ;

- Meurtre de Cyril Beining (8 ans) et Alexandre Beckrich (8 ans), le 28 septembre 1986 à Montigny-lès-Metz, en Moselle. Heaulme avait été embauché quelques jours auparavant dans une entreprise toute proche des lieux du crime. Il confirme avoir été présent ce jour-là mais nie avoir tué les deux enfants. Sa présence sur les lieux est un fait nouveau qui permet à la Cour de révision le réexamen et l'annulation de l'arrêt qui avait condamné Patrick Dils pour ces faits en 1989. À l'issue de son troisième procès en Assises, P. Dils est définitivement acquitté et libéré le 24 avril 2002. En mars 2013, Heaulme est renvoyé devant une cour d'assises pour répondre de ces deux meurtres mais le procès est ajourné en avril 2014, les crimes en question pouvant être l'œuvre d'Henri Leclaire ;

- Meurtre d'Annick Maurice (26 ans), employée d'un hypermarché de Metz, tuée le 29 décembre 1986 dans un bois d'Ogy avec la complicité de Philippe Élivon et de deux autres personnes. Le corps de la victime avait été retrouvé le 27 avril 1987 ;

- Double meurtre de Ghislaine Ponsard (61 ans) et de Georgette Manesse (86 ans), perpétré le 22 juin 1988 à Charleville-Mézières, au domicile de cette dernière. Il avoue ces meurtres aux enquêteurs avant de se rétracter. Il a nié pendant tout le procès et au-delà ;

- Meurtre du Belge Joris Viville (neuf ans), enlevé dans un camping à Port-Grimaud le 5 avril 1989, étranglé et frappé de 83 coups de tournevis. Son corps est retrouvé derrière une citerne le 22 avril 1989. Heaulme était accompagné d'un complice, car le corps a été déplacé de plus de vingt kilomètres en voiture. Confronté à cinq suspects possibles lors du procès, il les désigne tous successivement comme ses complices, avant de déclarer qu’il ne veut pas être le « bouclier émissaire » ;

- Meurtre d’Aline Pérès (49 ans) au Relecq-Kerhuon le 14 mai 1989. C'est pour ce meurtre qu'il est arrêté, quatre ans plus tard, à Bischwiller ;

- Meurtre de Sylvie Rossi (trente ans), hôtesse de bar qui le prend en auto-stop à Reims le 18 juillet 1989, alors qu'elle rentre à son domicile d'Épernay. Heaulme, de retour chez lui à Metz, exige qu'elle l'y conduise. Comme elle refuse, il la roue de coups; elle arrête alors sa voiture à Villers-Allerand et s'échappe sur un chemin agricole. Heaulme la poursuit en continuant à la frapper et lui donne un coup de pied qui lui fait éclater le foie. Le corps nu de la victime est découvert le lendemain ;

- Meurtre de Jean-Joseph Clément (60 ans), légionnaire retraité, agriculteur tué à Courthézon, le 7 août 1989. Heaulme avoue ce meurtre à Jean-François Abgrall. Mais sa présence sur les lieux du crime n'a jamais pu être prouvée et ses aveux semblent totalement fantaisistes, au regard des constatations effectuées par les gendarmes sur la scène de crime. Il bénéficie d'un non-lieu, mais en octobre 2023, le dossier est rouvert à la suite de nouvelles charges versées au dossier, et il est à nouveau mis en examen ;

- Meurtre le 7 mai 1991 de Laurence Guillaume (14 ans) dans les environs de Metz. Il est aidé d'un complice, Michel Guillaume, cousin de Laurence, qui la viole ;

- Meurtre de Jean Rémy (65 ans), commis le 5 janvier 1992 à Boulogne-sur-Mer.

Condamnations

- Le 29 janvier 1994, grâce au témoignage de Philippe Delorme, un SDF que Heaulme surnommait « le Gaulois » et qui l'accompagnait et a assisté au début de l'agression, la cour d’assises de Quimper le condamne à vingt ans de réclusion criminelle, assortis d’une période de sûreté des deux tiers, pour le meurtre d’Aline Pérès.

- Le 29 septembre 1995, la cour d’assises de Metz le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de dix-huit ans, pour complicité de viol et meurtre de Laurence Guillaume. Son complice, Michel Guillaume, cousin de la victime, est reconnu coupable de viol et de complicité de meurtre, et condamné à dix-huit ans de prison.

- Le 24 mai 1997, la cour d’assises de Draguignan le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans, pour le meurtre de Joris Viville.

- Le 9 septembre 1999, la cour d’assises de Saint-Omer le condamne à quinze ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Jean Rémy.

- Le 26 novembre 1999, la cour d’assises de Nancy le condamne à trente ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Lyonnelle Gineste. Son complice, Joseph Molins, est condamné à dix ans de réclusion criminelle.

- Le 8 décembre 2001, la cour d’assises de Metz le condamne à trente ans de réclusion criminelle pour le meurtre d’Annick Maurice. Le coaccusé, Philippe Élivon, est condamné à quinze ans de réclusion. En novembre 2002, ces condamnations sont confirmées en appel par la cour d’assises de Nancy.

- Le 16 décembre 2004, la cour d’assises de Reims le condamne à trente ans de réclusion criminelle, assortis d'une période de sûreté de vingt ans, pour les meurtres de Sylvie Rossi, et de Ghislaine Ponsard et Georgette Manesse.

- Le 17 mai 2017, la cour d'assises de Metz le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Cyril Beining et Alexandre Beckrich. Heaulme fait appel. Le 21 décembre 2018, la cour d'assises d'appel de Versailles confirme sa condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité. Le 17 juin 2020, après le rejet de son pourvoi par la Cour de cassation, il est définitivement condamné à la réclusion à perpétuité.

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